Regards mystiques

Regards mystiques

Messe en mi mineur d'Anton Bruckner

« Regards mystiques » propose une immersion dans l’univers spirituel de trois grands compositeurs romantiques. Les œuvres qu’il réunit sont un Rückblick (pour reprendre le titre de l’Intermezzo de la Sonate op. 5 de Brahms), un regard porté sur le passé.

Dans le Begräbnisgesang (chant de funérailles, créé en 1859) de Brahms, le choix d’un accompagnement d’instruments à vents enracine l’œuvre dans un style Renaissance et les doublures fréquentes des voix par les instruments ne sont pas sans évoquer les techniques d’écriture d’un Schütz dans les Symphoniae sacrae (1629). Pour autant, ils voisinent avec des harmonies ou des enchaînements tout à fait modernes.

Dans la Messe in e-Moll (créée en 1869) et les Motets a cappella (1869 à 1884) de Bruckner s’opère également ce retour à une polyphonie ancienne, issue ici d’une synthèse de Palestrina et de Bach. Le Sanctus de cette messe repose sur le motif thématique de celui de la Missa brevis de Palestrina et offre un contrepoint à huit voix d’une facture magistrale. Certains ont d’ailleurs vu dans la Messe in e-Moll, malgré le recours aux instruments, un tribut aux idées céciliennes, qui prônaient un retour à l’esprit de la polyphonie palestrinienne. Pourtant, Bruckner n’a jamais vraiment adhéré aux idées anti-modernistes des céciliens et il semble préférable de penser son style comme un équivalent musical de l’esthétique néo-gothique de la
cathédrale de Linz. C’est en effet pour l’inauguration de la chapelle votive de celle-ci, alors en construction, que fut composée cette messe.

Enfin la Sérénade pour cordes en ut majeur (1880) de Tchaïkovski dans laquelle celui-ci rend hommage à Haendel et Mozart : ses antécédents sont les sérénades et divertissements du XVIIIe siècle viennois, et plus encore les sinfonias italiennes des écoles vénitienne et milanaise. Par l’esprit, voilà l’œuvre d’un classique du XIXe siècle féru de musique baroque et galante, mais qui n’oublie pas pour autant ses origines (le quatrième mouvement est entièrement construit sur des thèmes populaires russes). En contraste avec le caractère profane de ce dernier mouvement, l’Elégie du troisième mouvement est une méditation quasi religieuse, un chant mystique.

Les deux grandes œuvres pour chœur et ensemble proposées dans ce programme ont la particularité d’avoir été conçues pour être interprétées lors de cérémonies en plein air. Aussi la constitution de l’ensemble à vents (hautbois, clarinettes, bassons, cors, trombones, auxquels s’ajoutent tuba et timbales dans le Begräbnisgesang et trompettes dans la Messe) témoigne de la volonté de leurs compositeurs respectifs d’offrir au chœur l’accompagnement orchestral le plus approprié. Chez Brahms comme chez Bruckner, l’œuvre tantôt livre à l’orchestre à vents des lignes indépendantes et indispensables à l’édifice contrapuntique, tantôt ne lui accorde qu’une fonction presque facultative du point de vue de l’écriture (ou de doublure), mais saisissante quant à l’effet produit. Les transcriptions pour ensemble de saxophones et chœur proposées ici tentent de repousser encore plus loin cette volonté. Instrument contemporain de ces œuvres, le saxophone permet de réaliser idéalement la synthèse du timbre des bois et des cuivres et amène, par son homogénéité, à la fusion des timbres du chœur de saxophones et de celui des voix humaines.

Programme

Johannes Brahms

Anton Bruckner

Locus iste (WAB 23)
Os justi (WAB 30)
Messe in e-Moll (WAB 23)

Piotr Illitch Tchaïkovski

Informations

Production: 
chœur de chambre
Série: 
Grand répertoire
Durée: 
1h30 (avec entracte)
Saison: 
2012-2013
Type: 
chœur et instrument(s) soliste(s)
Public: 
Tout public
Disponibilité: 
oct 2013
Effectif: 
32 chanteurs
10 saxophonistes
1 timbalier (facultatif)
1 chef