Whitacre - Cloudburst

Eric Whitacre

Cloudburst

pour chœur mixte, piano et percussions

« Ecrire pour chœur est et sera toujours ma vocation, au sens le plus vrai du terme, un véritable appel. »
« Je ne suis pas chrétien, et je ne me considère pas non plus comme religieux. Le poème que j’ai choisi me parle profondément, c’est tout, et je fais juste de mon mieux pour enluminer les mots avec la musique. »
Eric Whitacre
 

Depuis sa première pièce chorale, Go, lovely Rose, l’œuvre de l’Américain Eric Whitacre s’est centrée autour de la musique vocale (une quarantaine de pièces chorales publiées) et rencontre depuis une décennie un grand succès au sein des ensembles vocaux du monde entier, notamment des lycées et universités américaines.
Cloudburst – qui signifie « grosse averse », littéralement « explosion de pluie » – a d’ailleurs été écrit pour the Eldorado High School Concert Choir. Le compositeur retrace ainsi la genèse de la pièce : « Après une performance de Go, Lovely Rose en 1991, le Dr Jocelyn K. Jensen m’a proposé d’écrire un morceau pour le chœur de son lycée. Elle est un chef extraordinaire, légendaire pour faire des choses folles sur scène (chorégraphie, éclairage, costumes), et je voulais écrire quelque chose pour elle qui frapperait à coup sûr le public. On m’avait offert récemment un livre exquis de poèmes d’Octavio Paz, et dans le même temps, j’avais été témoin d’une spectaculaire tempête de sable, et je suppose que tout vient de là. Les claquements de doigts (tous les chanteurs claquent des doigts pour simuler la pluie) est un vieux jeu de veillée que j’ai modifié pour cette œuvre. Les plaques de tonnerre étaient des pièces géantes d’étain que nous avons trouvé à côté de l’école. La pièce durait à l’origine une dizaine de minutes, mais le Dr Jo-Michael Scheibe m’a sagement convaincu de la resserrer. Ce que j’ai fait pour la contenir à quelque huit minutes et demie. »
Cette œuvre révèle, à travers quelques effets saisissants, l’imagination absolue de Whitacre en matière de couleur. Piano et percussions (dont des carillons éoliens et des thunder sheets [grandes plaques de métal que l’on frappe pour imiter le bruit du tonnerre]) sont rejoints par des clochettes maniées par les chanteurs, mais aussi par des battements de mains, des claquements de doigts et des frappements de cuisses pour simuler, avec une réelle efficacité, une pluie torrentielle.
« Cloudburst est une cérémonie », écrit le compositeur, « une célébration de l’énergie cinétique libérée en toute chose. Le climat est de bout en bout révérencieux, méditatif et concentré. Cela ne signifie pas solennel ou calme mais tout simplement que l’interprète doit envisager le voyage spirituel avec un total respect pour le pouvoir de l’eau et la profondeur de la renaissance. »
Cela peut paraître new age sur le papier, mais les résultats musicaux sont des plus convaincants et tout sauf tape-à-l’œil : dissonances remarquablement conçues et délicieusement résolues, triades empilées les unes sur les autres jusqu’à former des clusters chatoyants, sections aléatoires et conduite des voix merveilleusement menée. Tout concourt à créer avec simplicité et inventivité une atmosphère au service du texte poétique. On perçoit déjà une grande maîtrise pour un compositeur de 22 ans, qui ignorait encore tout de la musique classique et de sa notation moins de dix ans auparavant.
Par le sentiment qu’elle dégage, par son équilibre et par ses moments d’émerveillement mystique, cette musique donne à penser qu’elle est ouvertement religieuse. Ce que Whitacre réfute : « Je ne suis pas chrétien, et je ne me considère pas non plus comme religieux. Le poème que j’ai choisi me parle profondément, c’est tout, et je fais juste de mon mieux pour enluminer les mots avec la musique. »
Whitacre adapte ici le poème El Cántaro Roto [La Cruche cassée] du poète mexicain Octavio Paz pour lequel il explique : « La poésie d’Octavio Paz est un rêve pour tout compositeur. La musique semble se mettre en place toute seule (sans l’habituelle lutte qui accompagne invariablement cette tâche) et le processus s’apparente davantage au nettoyage de la peinture à l’huile sur une toile ancienne, pour révéler la musique cachée, qu’à de la composition. » 

Notes d’après

  • Meurig Bowen, livret du disque « Cloudburst and other choral works », Polyphony, dir. Stephen Layton, Hyperion, 2006
  • www.ericwhitacre.com
Date de composition: 
1991
Création: 

1992

Nomenclature: 
chœur (SSAATTBB)
piano
percussions
Texte(s): 
Durée: 
ca 8'30