Octavio Paz - El cántaro roto (adapté par Eric Whitacre)

La lluvia…

Ojos de agua de sombra,
ojos de agua de pozo,
ojos de agua de sueño.

Soles azules, verdes remolinos,
picos de luz que abren astros
como granadas.

¿Dime, tierra quemada, no hay agua?
¿Hay sólo sangre, sólo hay polvo,
sólo pisadas de pies desnudos sobre la espina?

La lluvia despierta...

Hay que dormir con los ojos abiertos,
hay que soñar con les manos,
soñemos sueños activos de río buscando su cauce,
sueños de sol soñando sus mundos,
hay que soñar en voz alta,
que cantar hasta que el canto eche
raíces, tronco, ramas, pájaros, astros,
desenterrar la palabra perdida,
recordar lo que dicen la sangre, la marea,
la tierra y el cuerpo,
volver al punto de partida...

La pluie…

Yeux d’eau de l’ombre,
Yeux d’eau du puits,
Yeux d’eau de rêve.

Soleils bleus, tourbillons verts,
pics de lumière qui ouvrent des astres
comme des grenades.

Dis-moi, terre brûlée, n’y a t-il pas d’eau ?
Y a-t-il seulement du sang, seulement de la poussière, seulement des empreintes de pieds nus sur l’épine ?

La pluie se réveille...

Il faut dormir avec les yeux ouverts,
il faut rêver avec les mains,
nous rêvons des rêves de rivière cherchant son lit,
des rêves de soleils rêvant leurs mondes,
il faut rêver à voix haute,
chanter jusqu’à ce que le chant donne
racines, tronc, branches, oiseaux, étoiles,
déterrer le mot perdu,
se souvenir de ce que disent le sang, la marée,
la terre et le corps,
revenir au point de départ...