Alain - Première fantaisie

Jehan Alain

Première fantaisie

pour orgue

En 1933, à peine âgé de vingt-deux ans, Jehan Alain signe une page saisissante, véritable cri adressé à la divinité : c’est sa Première fantaisie, dédiée à son frère Olivier. Mais au lieu de citer l’écriture sainte, il laisse la parole à un poète oriental, Omar Khayyam : « Alors au Ciel lui-même, je criai pour demander comment la destinée peut nous guider à travers les ténèbres. Et le Ciel dit : “Suis ton aveugle instinct ”. »
Marie-Claire Alain ajoute que la dédicace du Choral pour piano de son frère Jehan pourrait aussi bien s’appliquer à cette Fantaisie : « Je veux la terre carrée. Je veux déchirer ce bleu du ciel. Je veux voir derrière… Je veux que mes tempes se rompent sous des monstruosités déraisonnables… Seigneur, donne-moi la paix éternelle. »
Ce cri de détresse, quasi animal, est tempéré par la notation humoristique de Jehan Alain écrivant sur la triste phrase finale, à l’intention de sa petite sœur : « Un’ gross’ locomotiv’ avec un tout petit tender ! »
Ici intervient pour la première fois chez Alain, comme procédé de développement, l’utilisation systématique d’un thème unique, toujours repris avec un présentation rythmique différente, voire complètement déformé. L’effet produit par ces grandes clameurs, ces décharges de foudre débouchant sur une réponse énigmatique, est proprement saisissant. 

[source : Georges Guillard, Guide de la Musique d’orgue, Fayard, 1991]

Date de composition: 
1933
Nomenclature: 
orgue
Durée: 
5'