Verleih uns Frieden
Verleih uns Frieden
Motets et hymnes romantiques
On sait avec quel enthousiasme Mendelssohn organisa la première exécution moderne de la Passion selon saint Matthieu de Bach, à Berlin en 1829. Cet événement déclencha un engouement pour la musique chorale auquel le compositeur fut le premier à répondre. Organistes virtuoses comme Mendelssohn le fut lui-même, Brahms, Rheinberger et Bruckner sont certainement ceux qui lui emboîtèrent le pas avec le plus de réussite. Avec ces quatre compositeurs se dessine l’image d’une Allemagne pieuse, mais celle également d’un peuple puisant dans ses racines la force de son renouveau : tout redevables qu’ils soient à la musique du passé (Bach, Haendel, Schütz mais aussi Palestrina, Gabrieli, Gallus), jamais ces compositeurs n’abdiquent leur propre sensibilité, bien de leur temps.
Le programme « Verleih uns Frieden » montre clairement ces aspects à travers quelques motets choisis de ses compositeurs. Les deux parties qui le structurent mettent en lumière : - d’un côté les motets des compositeurs d’Allemagne du Nord, luthériens, Mendelssohn et Brahms – sans oublier le compositeur anglican Stanford, pétri de culture allemande –, inscrits dans le sillage du chant d’église protestant (choral luthérien et emploi de la langue allemande) - de l’autre, les motets des compositeurs d’Allemagne du Sud, catholiques, Rheinberger et Bruckner, fortement influencés par le cécilianisme et l’hymnologie catholique latine.
La Choralkantate « Verleih uns Frieden », sur un texte de Martin Luther, sert d’ouverture à cette lignée d’œuvres religieuses qui se font ensuite écho d’une partie à l’autre ; tantôt au travers du texte pour l’Hymne (op. 96) de Mendelssohn et le Psaume 13 de Brahms – l’influence de l’un sur l’autre est manifeste –, tantôt au travers du dispositif choral par l’emploi du six voix en double chœur dans Beati quorum via de Stanford et Abendlied de Rheinberger ; enfin, en conclusion de chacune d’elles, les motets a cappella de Bruckner, avec d’une part les motets de la maturité (Os justi, Christus factus est) et d’autre part ceux s’appuyant sur l’hymnologie mariale (Virga Jesse, Ave Regina et Ave Maria). Toutes ses œuvres ont en commun la puissance d’illustration des textes qu’elles servent, signe d’une foi profonde, commune à tous leurs compositeurs.
Le programme s’achève sur les mots déjà exposés dans l’hymne luthérien Herzlich tut mich erfreuen du Choral- Prélude no 4 de Brahms pour orgue seul et repris dans le dernier couplet du Sommarpsalm faisant référence au psaume 103 ou à la première lettre de saint Pierre apôtre : « Toute chair est comme l’herbe, le temps passe, les fleurs meurent. Seule, la parole du Seigneur dure à jamais. » Et c’est bien ce précepte que semble porter chacun de ses motets de manière immanente.