Johannes Brahms

Johannes Brahms naquit à Hambourg le 7 mai 1833 à une époque stylistique qui, s’étayant sur les compositions du classicisme viennois, se référait essentiellement aux œuvres de Beethoven. Brahms lui-même commente ainsi ce modèle prédominant : « Tu ne peux t’imaginer ce qu’on l’on éprouve à toujours entendre derrière soi les pas d’un tel géant [Beethoven]. »
Jusqu’à ce qu’il achevât enfin une première Symphonie en 1876, le compositeur avait parcouru un long chemin créateur de quête et de découverte de soi. À Düsseldorf chez Clara et Robert Schumann, il amassa une foule d’expériences phares pour son avenir de compositeur, de l’étude des structures baroques de Bach jusqu’à la polyphonie vocale classique. Brahms fit sa première expérience pratique de chef de chœur à Detmold à partir de 1857 et à Hambourg de 1859 à 1862 où il créa une chorale de femmes pour mettre à l’épreuve ses propres pièces chorales. En 1863, il prit la direction de la Singakademie de Vienne, de 1872 à 1875, celle du Singverein de Vienne. Par ailleurs, le reste du temps, Brahms travailla en artiste indépendant, fidèle à sa maxime « libre mais seul ».
Il parvint à la consécration artistique en 1868 avec la création du Requiem allemand op. 45 à la cathédrale de Brême. Dès 1863, avec la cantate Rinaldo op. 50 (achevée en 1868), Brahms s’était tourné vers un genre nouveau qui devait ouvrir la voie à sa création symphonique (1876–1885) par sa structure et sa distribution de grandes dimensions dans le chœur (d’hommes) et l’orchestre. Le succès du Requiem motiva une série d’autres œuvres pour chœur et orchestre : Rhapsodie pour alto op. 53 (1869) pour chœur d’hommes, Chant du destin op. 54 (1871) et Chant triomphal op. 55 (1872) pour chœur mixte. Nénie op. 82 (1881) et Chant des Parques op. 89 (1882) suivirent pendant la période de production symphonique.
Après que Brahms avait pratiquement tout dit d’un point de vue orchestral en 1885 avec son ultime Symphonie n° 4 – à l’exception du Double Concerto op. 102 en 1887 – il se consacra exclusivement à des formes plus restreintes pour le piano et les distributions chambristes. Un an avant sa mort (3 avril 1897), Brahms mit un terme à sa création avec les Quatre Chants sérieux pour voix de basse avec accompagnement de piano op. 121 en 1896. Avec cette ultime œuvre vocale, Brahms reprit encore une fois un sujet auquel il s’était déjà consacré à plusieurs reprises dans la transposition musicale de textes : la transsubstantiation en positivité, en espérance par delà la mort au terme des souffrances d’ici-bas.

[Source : Rainer Boss, Avant-propos, 2014, édition Carus 10.399, traduction, Sylvie Coquillat]